BATTRE DE L’AILE

Dans mon idée
j’allais au plus long
par ces champs marins
où ruminent les silures

J’ouvrais les eaux
d’un coup de pied bien placé
dans les côtes du lac
et descendais au creux de la blessure
lentement inexorablement

Mais tu as coupé court
à la balade folle
mon ami de toujours
J’ai rejoint le Thiou
mordu à l’hameçon
sous le pont des amours

J’ai su le vent l’air
j’ai vu le puits Saint Jean
la place Sainte Claire

Et mes pieds
– merci de leur traîtrise –
m’ont porté à l’assaut
des ruelles du château

J’ai buté contre l’été
basculé dans le vol des martinets
Je me souviens :

Le ciel perce sous mon front
Je délègue tout aux fontaines
Enfin je ne sais plus sinon ce que j’aime

Guillaume Abt, in La ville entre les lignes, Annecy – Chambéry – Genève – Lyon, Ed. Comp’Act, 1999


Clefs : perte de repères | éléments | déambulation