OUI, CERTES…

Oui, certes, mon village est beau aux jours de mai !
Les lilas parfument les maisons. Et jamais
Je ne pourrais jouir d’un bonheur plus tranquille
Qu’au milieu de mes prés accueillants et fertiles.

Je tiens à ce village, et, déjà je l’aimais
À l’âge où j’ignorais l’âme des maisons. Mais
Si grand que soit l’amour pour mon charmant asile,
Si fier que soit mon cœur, à ma passion servile,

Je sens, à mon insu, diminuer ma foi,
Quand, près du Lac d’Argent, je voyage parfois.
Tant est riche sa rive, et tant l’eau étincelle,

– Une fée a pu seule ajuster ses joyaux –
Qu’à les voir je voudrais oublier mon hameau
Et finir mes vieux jours près d’Annecy-la-Belle.

Fèfe du Pcheu (Henri Josseron), in Le Brunaud : études savoyardes, Ed. L’Abeille, Annecy, 1941.


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