C’est une vieille, vieille ville
Que baigne un lac, dont les flots bleus
– bleus comme un ciel de la Sicile –
Font de cette cité tranquille
Un nid frais et délicieux.

Son château de style gothique
Reste farouche d’un passé
Moyenâgeux et romantique,
Dresse sa structure historique
Sur quoi, cinq siècles ont passé.

J’aime son jardin où la brise
Fait frissonner les marronniers…
Elle garde l’odeur exquise
Qu’aux doux cyclamens elle a prise
Pour en parfumer les sentiers.

Près d’Albigny, quand le soir mouille
L’herbe où souvent j’allais m’asseoir,
On entend chanter la grenouille,
Cependant que l’oiseau gazouille,
Et que le jardin se fait noir…

Composé par une jeune poétesse anonyme en vacances à Annecy au début du XXe siècle, publié dans un numéro du petit journal touristique Annecy, son lac, ses environs.

Réponse de l’annécien Jean Duffresne à ce poème :

« Je trouvais ça très bien, mais il me sembla pourtant que cette description avait un air un peu triste, qui laissait un certain vague à l’âme peu en rapport avec nos paysages cependant assez riants. Alors ne voulant pas laisser Annecy comme enveloppé dans une impression qui me paraissait trop brumeuse, je répondis par les lignes ci-après :

Elle n’est pas tant si vieille, la ville,
Chaque jour, vrai, elle se rajeunit ;
De tons charmants et clairs elle s’habille,
Elle perd son visage racorni.

Puis les reflets d’un beau soleil qui brille
Rayonnent sous son portique embruni,
Et sur ses pittoresques rues en vrille
Du progrès plane l’esprit averti.

Elle a rejeté loin le romantique,
Aussi les styles des âges passés ;
Le classique avec le trop pur gothique
Par le moderne ont été remplacés.
Mais reste son paysage magique
Pour les réalistes jamais lassés

Ai-je eu tort ? Je vous laisse juges. »

Jean Duffresne, in Le quartier de Bœuf et celui du Paquier, Imp. Hérisson Frères, 1935.


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