Toi qui ne connais nos prairies,
Qui ne vois neige ni ruisseau,
Pourquoi ne viens-tu pas au pays de Rousseau ?
À l’ombre de ses métairies,
Ami, sans toi j’ai du chagrin,
Malgré son lac et son ciel tendre
Et me plains (puisses-tu m’entendre !)
Des caprices de mon destin.
Dans ce pays de rêveries,
Je t’attends joyeux à Pâques fleuries.
Je sais le regret que tu signes
D’être éloigné de moi qui, sur le sable fin,
Passe devant l’île des cygnes.
L’eau, le ciel, tout concourt enfin
Par je ne sais quel sortilège
Qui naît du lac, du ruisseau, de la neige,
À faire d’Annecy le plus doux des séjours :
Tout glisse avec douceur, les cygnes et les jours.

Maurice Clavel, in Le lac d’Annecy, Ed. à Annecy, Imp. F. Abry, 1936.

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