LES VIEUX QUAIS

Jaunes sous le soleil qui dore d’un flot clair
La grisaille des quais, sordides et lépreux,
Les pavés inégaux, sur les berges, ont l’air
D’avoir lavé de frais leurs angles tout heureux.

L’eau verte du canal brille comme un éclair
Et le vieux pont croulant, où passèrent les preux
Invincibles, jadis, dans un galop d’enfer,
Clignote, éberlué par le soleil ocreux.

Et l’éclaboussement des rayons sur l’eau verte
Rebondit sur le bord d’une fenêtre ouverte
Incendiant la vitre ou dorant le rideau.

Les millénaires quais, vétustes, tortueux,
Étirent longuement leurs membres paresseux,
Reflétant leurs pavés dans le miroir de l’eau.

Oscar David (1902-1934), in Paysages d’Annecy, Imprimerie commerciale, 1926


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