RUE DES BÂTONS*
Java chantée

Dans mon quartier populaire, du sam’di, au lundi.
Chacun oublie sans manières, ses ennuis, ses soucis.
Des julots des régulières, on n’en voit pas par ici,
Mais des bons p’tits, leurs filles à leurs bras, qui vienn’nt danser la java.
C’est la rue des bals musettes, où l’on fait, sans chiqué,
D’la gambill’tout c’qu’ya d’chouette, d’la rumba, d’la samba,
Ça s’pass’ à la bonn’ franquette, en bras d’chemis’ s’il fait chaud,
Quand l’accordéon, fait des variations, y’a d’la joie dans la maison.

Rue des bâtons, c’est la rue des accordéons,
Un r’frain musett’ s’échappe de chaque maison.
C’est la rue d’Lappe de ce beau pays savoyard,
Où l’on s’amus’ gentiment en père peinard.
Quelquefois l’sam’di soir un gars un peu noir cherche la bagarre,
On s’expliq’ dans un coin seul’ment à coups de poings, le quart n’est pas loin.
Pour bien danser une java à l’accordéon,
Faut v’nir un soir dans un bal d’la rue des bâtons.

Cette rue c’est une grande famille
Où les gens vivent gaîment.
On n’y trouve que des bonnes billes
Gars souriants, obligeants.
Le soir, les garçons, les filles,
À la sortie d’l’atelier
Viennent s’y promener
Aussi on pourrait
L’appeler « Rue d’la Gaîté »

Loin des lumières importunes
Les piliers du quartier
Ont vu sous le clair de lune
S’échanger des baisers
Sous les arcad’s blond’s et brunes
Ont murmuré des serments
Avec leur galant
Amoureusement
Que c’est beau d’avoir vingt ans.

Rue des bâtons, c’est la rue des accordéons,
Un r’frain musett’ s’échappe de chaque maison.
C’est la rue d’Lappe de ce beau pays savoyard,
Où l’on s’amus’ gentiment en père peinard.
Quelquefois l’sam’di soir un gars un peu noir cherche la bagarre,
On s’expliq’ dans un coin seul’ment à coups de poings, le quart n’est pas loin.
Pour bien danser une java à l’accordéon,
Faut v’nir un soir dans un bal d’la rue des bâtons.

REGOR (Roger Garnier), Rue des bâtons, java chantée, Ed. Émile Grillet, Annecy.
Musique d’Émile Grillet.
Partition généreusement communiquée par Jean-Claude Rey.

*Rue de l’île : autrefois surnommée « rue des échelles », puis « rue des bâtons » à partir de la seconde guerre mondiale. Les arcades qui la bordent font penser à des échelles couchées et les piliers à leurs barreaux (bâtons).


Clefs : festif | engouement | amusement | danse