LA PUYA

Octobre à pleines mains, jette l’or et la rouille
Sur le plateau désert qui doucement somnole ;
Le vent chante en sourdine, et d’un fourré s’envole
Un frêle oiseau, tout chamarré, que l’herbe mouille.

La mousse est jaune sur le sol et l’ombre fouille
Le massif onduleux semé d’une herbe folle,
Un chêne fraternel garde un saule et console
D’écarlates buissons où le pinson gazouille.

Elle est pourtant bien plus jolie, ma Puya,
Avec ses jets de pourpre et ses ors, il y a
Comme un reflet sanglant sur les brunes châtaignes.

Le plateau le sait bien et rougit de plaisir
Quand Octobre fougueux le prend et fait rosir
Le dôme safrané des châtaigniers qui saignent.

Oscar David (1902-1934), in Paysages d’Annecy, Imprimerie commerciale, 1926.


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