L’ANNÉCIENNE

Réveille-toi, ma vieille Allobrogie,
Prête l’oreille à nos mâles accents ;
Trop longue enfin était la léthargie,
Viens ranimer le cœur de tes enfants.

Et toi, terre chérie !
De tes enfants reçois les vœux ;
Suivons les pas de nos aïeux :
Mourons pour la patrie !

Pour nous garder, auréoles sublimes,
Voyez au loin briller nobles couleurs :
Oui, la Croix blanche apparaît sur nos cimes
Sous cette égide on est toujours vainqueurs.

Et toi, terre chérie !
De tes enfants reçois les vœux ;
Suivons les pas de nos aïeux :
Mourons pour la patrie !

Mais qu’entend-on ? – Le canon des alarmes !
C’est la patrie appelant ses enfants !
Annéciens, allons prendre les armes ;
De vieux soldats commanderont nos rangs.

Et toi, terre chérie !
De tes enfants reçois les vœux ;
Suivons les pas de nos aïeux :
Mourons pour la patrie !

Jurons-nous tous une amitié de frères,
Et que ce jour soit gravé dans nos cœurs,
Amis, chantons, tout en choquant nos verres :
Gloire au pays ! Gloire à ses défenseurs !

Et toi, terre chérie !
De tes enfants reçois les vœux ;
Suivons les pas de nos aïeux :
Mourons pour la patrie !

Qu’ils étaient lourds les fers d’un long servage ;
Un peuple esclave est toujours méprisé ;
Mais il grandit en sortant d’esclavage :
Un joug honteux est bien vite brisé.

Et toi, terre chérie !
De tes enfants reçois les vœux ;
Suivons les pas de nos aïeux :
Mourons pour la patrie !

Mais Pie, Albert, deux noms chers à l’histoire,*
Nous ont promis les temps de l’âge d’or !
Courage donc ! couronnez votre gloire ;
Nos descendants vous béniront encore !

Et toi, terre chérie !
De tes enfants reçois les vœux ;
Suivons les pas de nos aïeux :
Mourons pour la patrie !

Charles Bocquet, in L’Almanach des familles chrétiennes, 1849.
Cette chanson se chantait sur une musique de M. Macario.

*Il s’agit du pape Pie IX et de Charles-Albert.


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