COUPS D’ŒIL
Sous l’hélice qui le taraude
le flot panaché
fait de béryl et d’émeraude
vite s’est fâché.
Le sillage élargit son angle
pour agoniser
et contre le quai qui l’étrangle
il claque un baiser.
Le hors-bord s’élance, fuit, glisse
brisant en son jeu
l’image du mont qui s’esquisse
sur le miroir bleu.
Et, là-bas, la lourde Tournette
jette son massif
sur l’eau calme qui le reflète
voilant les tons vifs
des premiers prés, des touches vertes
et des paradis
dont ses pentes sont recouvertes
jusqu’aux rochers gris.
Un nuage en passant se mire,
blanchit le pastel,
et l’œil ne sait plus s’il admire
le lac ou le ciel.
Louis Pignal, in Quand les vers s’y mettent, Imprimerie annécienne, Annecy, 1963. Poème publié en mars 1903, dans Le savoyard de Paris, gazette rimée.
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