ANNECY 020
Il sera une fois… enfouie sous un avenir aléatoire, une cité lacustre.
Et des fossiles encore chauds d’amants surpris dans leur transparente plongée,
Et à lire dans les mégallées de colonnades, des pistes – pourquoi rompues ? -, renversées par cette main une fois de plus glaciaire.
Il nous faudra relever toutes les paupières (faussement ?) closes qui cacheraient encore les couleurs du grand effroi.
Il restera, de la fusion élémentaire, comme une idée tranquille de miroir où nous mesurerons – mais il ne faudra pas s’y fier – la lumière de nos regards éventuels.
Le magma gardera des mystères de temples aux poissons miraculeusement recueillis. Mais il ne sera pas donné à tous d’en atteindre le chœur malgré l’obole offerte pour savoir le secret des morts.
Peut-être les aiguilles d’une horloge têtue nous diront-elles enfin le lien des vieux songes ; le lien aussi des façades muettes adossées à un pan de ciel minéralisé : là, une lune liquide montera une garde lasse auprès d’improbables sédiments.
Une archéologie délicate flottera sans doute parmi d’inépuisables canaux et il sera douloureux d’y reconnaître les vestiges de l’humain, par exemple une serrure ou une lettre morte.
Il nous faudra scruter des mines à ciel ouvert pour relire les passés derrière des pages pétrifiées ou le fantôme chiffré d’un passant effacé sur le registre !
Le temps aura inversé les duretés : le puissant métal, alors odorante poussière, marquera d’autres chemins de liberté ; alors peut-être, un rivage, un port, comme une demeure.
Après le repos, des années lumières pour refaire la cité nouvelle et, nous le savons déjà,…
Raoul Rodriguez, in Annecy 020, Ed. Atelier 4 à Annecy, 1986.
Bozetto Jean-Michel
J’aime beaucoup
à bientôt j’espère
JM
Bourquard Franck
C’est très élégant, j’aime beaucoup ces mots choisis, merci Monsieur Rodriguez