SOUS LES ARCADES

La ville est morte, il pleut de l’or en fusion
Sur les trottoirs brûlants que la lumière ronge ;
Haletant, Midi crache au loin son feu qui plonge
Dans les maisons où dort l’hallucination.

Mais au cœur d’Annecy s’ouvre la vision
D’un coin d’ombre qui traîne, indécise et s’allonge
Sous la voûte sereine et calme comme un songe,
Donnant de la fraîcheur la verte illusion.

Une odeur de vergers et de cave pénètre
L’humide clair-obscur des cours où la fenêtre
D’un café lourd d’ennui jette des clartés lentes.

La douce acidité des fruits et du laitage
Pique l’air aigrelet des jours pesants d’orage,
Au refuge béni des arcades dolentes.

Oscar David (1902-1934), in Paysages d’Annecy, Imprimerie commerciale, 1926.


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