FIDÉLITÉ

Vient-il de Gascogne ou Lorraine
Le plus paillard des financiers,
Qui met à prix la chair humaine
Et, pour l’atteindre, a des courtiers ?

L’un d’eux, cuistre plat et cynique,
En société du débauché,
Négocia dans sa boutique
Vainement un honteux marché.

Fille du peuple, le satyre
Ouvrit sa bourse à tes genoux….
Tu répondis à son délire :
« Non.. Non.. jamais.. retirez-vous ! »

On n’achète pas l’ouvrière
À l’esprit droit, au cœur aimant,
Car elle veut, honnête et fière,
Rester fidèle à son amant !

Cette femme n’est pas à vendre ;
Elle suit l’élan de son cœur :
L’amour suffit pour la défendre
Contre le vice corrupteur.

Elle aime… excusons ses faiblesses
Et respectons sa dignité !
D’elle faveurs, baisers, caresses,
Ont un prix qui n’est pas coté.

Le trouble de l’incertitude
À l’épreuve s’évanouit ;
Et l’amour, dans la quiétude,
Victorieux, se réjouit.

Louange, ô jeune Annécienne,
À toi chassant le suborneur !
Nous nous aimons, ma faubourienne :
L’argent n’est pas tout le bonheur !

Ephise Simond, in Poésies annéciennes : voix alpestres, Ed. chez l’auteur, 1895.
Poème rédigé le 31 mai 1891.


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