CONTEMPLATION

Je me suis arrêté sur le bord du chemin
Qui domine mon lac : devant moi, la broussaille
Des arbrisseaux rongés que les vents de demain
Briseront de leur souffle en se livrant bataille.

Plus loin se déroulait, glauque, mon lac aimé.
La bise soulevait les vagues, et l’écume
Bondissante semblait un cheval déchaîné
Ou les cheveux ceignant la sibylle de Cumes*.

Nul esquif sur les bords du lac ; rapidement
Un bel oiseau frileux qui tournoie et qui rôde
L’effleure. Ô mon beau lac qui hurles sous le vent,
Déferle et roule encor tes vagues d’émeraude.

La Puya, février 1910.

Jean Fontaine-Vive, in Fleurs printanières, Imp. Terrier frères et Cie, Étampes, 1919.

*la sibylle de Cumes est décrite par Apollon comme ayant été jadis une très belle femme, possédant des cheveux auburn accrochant la lumière du soleil.


Clefs : lyrisme | à l’image du lac Averne | mythologie