BROUILLARD SUR LE LAC

À M.et Mme Marc Le Roux,

Le lac glauque se perd en la molle grisaille
Des rives et des monts disparus. Aplani
Sous la brume de l’hiver, le lac morne s’émaille
De glissantes blancheurs. En berçant leur ennui,
Les cygnes nonchalants sur les eaux s’abandonnent
Aux rythmes alanguis. Ils sont évanouis
Dans le gris, et le lac s’étale, monotone
Et désert, sous la brume qui s’appesantit.
Tout est silence, ennui. Des silhouettes noires
Se précisent soudain et s’effacent sans bruit ;
Et sur le lac dormant qu’un dernier souffle moire,
S’est fondu le sillon d’une barque qui fuit.

Madeleine Martin, in Premiers vers, Ed. à Annecy, imp. Dépollier. 1915. Poème rédigé le 20 février 1913.


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