ADIEU À LA FONTAINE

En souvenir de la fontaine de Diane
enlevée de la place de l’Hôtel-de-Ville en avril 1943
.

Voici l’Hôtel-de-Ville à sévère façade
Avec son fronton grec près les arbres mouvants.
L’église italienne au chaud soleil levant
Fait luire son abside à blanche colonnade.

Plus haut que les maisons aux modernes arcades
Saint-Maurice au toit sombre élève dans le vent
Sa tour baroque, où fluent en échos émouvants
De l’Amour et la Mort les sonores cascades.

Le pontife sculpté dans le bronze devant
Le haut porche voûté du tranquille couvent
Ne contemplera plus, sur la claire esplanade

Où flottait un parfum d’Italie et d’Hellade,
La sylvestre déesse et, se désaltérant,
Les colombes autour du jet d’eau murmurant.

Clément Gardet, in L’eau dans la ville : puits & fontaines, Annecy : Ville d’Annecy, 2003.

Fontaine à la Diane de Gabies

Fontaine à la Diane de Gabies – Carte postale, Ed. A. Gardet, Annecy

Note :
1857 : la compagnie des chevaliers tireurs décide d’affecter des fonds inutilisés à la réalisation d’une œuvre d’utilité publique. Le conseil communal décide d’établir sur la place de l’Hôtel-de-ville une fontaine monumentale qui perpétuera le souvenir de la compagnie. La somme de 4 000 livres versée par les chevaliers tireurs couvre le corps du monument et la ville accepte les frais occasionnés par la construction du bassin, 1 907,50 F. Ce monument devenait réalisable dans une ville dotée, depuis peu, d’un réseau d’eau. L’architecte réalise plusieurs projets et le choix du conseil municipal se porte finalement sur une reproduction de la Diane de Gabiès, réalisée par la maison Ducel à Paris. Le bassin réalisé par Joseph Lacombe est terminé au mois de février. Dès la fin de l’année, une balustrade établie par le serrurier François Jaccoud vient parachever le monument.
1862 : Collomb, ancien capitaine de la compagnie des chevaliers tireurs, rappelle au maire que l’inscription « Don de la compagnie des chevaliers tireurs d’Annecy » devait figurer sur la fontaine. Deux ans plus tard une plaque en bronze est apposée.
1942 : cette fontaine est le cadre d’un incident retentissant : le service d’ordre légionnaire y précipite le comte François de Menthon, résistant de la première heure, ce qui suscite l’indignation générale.
1943 : la statue est remplacée par une statue de Jeanne d’Arc et réinstallée square de la Victoire-de-Stalingrad.